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pas sans rappeler la démarche anglo-saxonne. Cet
apport permet en outre de reconsidérer les validations
partielles, trop souvent dépréciées. La VAE a eu aussi
des implications sur la pédagogie ; elle oblige notam-
ment à travailler sur l’interdisciplinarité.
La VAE est-elle une particularité française?
Nous faisons partie des rares pays d’Europe, avec le
Luxembourg et le Portugal, à avoir mis en place ce genre
de dispositif. Beaucoup sont en train de le découvrir. En
France, il est possible d’entamer une démarche VAE à
tous les niveaux de l’enseignement.
Cette caractéristique est à observer
à l’aune de nos voisins européens.
Ainsi, dans la sphère européenne, le
fait que nous puissions proposer des
doctorats en VAE étonne fortement.
Certes, ils sont encore peu nombreux à entamer cette
démarche en France, mais il faut voir le nombre de doc-
torants par rapport aux masters. Le seul fait que cette
modalité existe est extraordinaire !
La Commission nationale de la certification
professionnelle (CNCP) a été instaurée par la loi de
modernisation sociale en 2002, avec la VAE. Quel
était son rôle?
La CNCP a été une auxiliaire pour la mise en place pro-
gressive de la VAE. Vers 2008, une fois que la mécanique
a été bien enclenchée, la commission a fait de la VAE un
critère obligatoire pour l’inscription des diplômes au
Répertoire national des certifications professionnels
(RNCP). Avant tout enregistrement de diplôme, nous
veillons à ce que la procédure de VAE soit en place afin
que chacun puisse exercer son droit. Ce répertoire vise
ainsi à donner une visibilité à l’offre de certifications
ainsi accessible.
Grand angle
La CNCP a aussi le rôle d’informer les certificateurs :
comment réunir les jurys, les outiller pour valider une
VAE ? Comment peuvent-ils aider les candidats ayant
obtenu une validation partielle ? Aujourd’hui, nous pou-
vons élargir notre spectre d’actions en expliquant en
quoi consistent les blocs de compétences.
Que change la loi dite Travail, promulguée en août
2016, en matière de VAE?
Plusieurs avancées notables ont été introduites par cette
loi. À titre d’exemple, les personnes en contrat à durée
déterminée (CDD) bénéficient main-
t e n a n t d ’u n e r ému n é r a t i o n
constante en cas de congé pour VAE,
et cela sans conditions d’ancienneté;
les congés pour VAE ne sont plus
limités à 24 heures ; lors de l’entre-
tien professionnel, l’employeur se doit d’informer le sala-
rié sur ce dispositif, etc.
L’accent a également été mis sur l’accompagnement, qui
avait été instauré par la loi du 5 mars 2014. Par cette
nouvelle loi, il est véritablement reconnu comme essen-
tiel. Ainsi, un accompagnement renforcé pour certains
publics peut être prévu et financé par un accord de
branche. Parmi les mesures phares, la durée d’activités
cumulée nécessaire pour mener une VAE est aussi pas-
sée de trois à un an. C’est un pari visant à impulser de
nouvelles candidatures. Mais cela peut également rani-
mer les vieilles critiques sur la dévalorisation des
diplômes. Seul le temps nous permettra de percevoir s’il
s’agit d’une bonne mesure.
Propos recueillis par Aurélie Verneau
La création des blocs de
compétences représente
une vraie progression
pour la VAE