Le Cnam mag' #7 - page 26

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Vu d’ailleurs... Brigitte Bouquet
Nous sommes l’un des rares
pays d’Europe à avoir mis en
place ce genre de dispositif»
Aujourd’hui rapporteure générale de la Commission nationale de la certification professionnelle
(CNCP), Brigitte Bouquet a été, de 2006 à 2009, directrice de projet VAE à la Délégation générale à
l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), organe qui pilote encore aujourd’hui le dévelop-
pement de la validation des acquis de l’expérience (VAE) au niveau interministériel. Actrice au cœur
des premiers temps de la VAE, elle nous éclaire sur les évolutions qu’a connues le dispositif.
En quoi consistait votre travail en tant que directrice
de projet VAE?
Ma mission avait été initiée en 2006 à la suite d’une déci-
sion politique du Premier ministre de l’époque,
Dominique de Villepin, qui souhaitait doubler le nombre
de personnes ayant obtenu une validation des acquis de
l’expérience. Il ciblait prioritairement ceux possédant un
faible niveau de qualification. Un comité interministériel
de développement de la VAE a alors été créé pour trois
ans, avec pour but d’harmoniser les pratiques, simplifier
les procédures, et améliorer les méthodes d’orientation
et d’accompagnement.
Nous avons impulsé des actions qui se sont ensuite
pérennisées, parmi lesquelles le formulaire commun
pour la recevabilité administrative et une charte d’ac-
compagnement des certificateurs publics. Nous avons
en outre développé le premier portail web
gouv.fr.
Quelles étaient les visées des promoteurs de la VAE,
instaurée par la loi de modernisation sociale?
La VAE a créé une nouvelle modalité d’accès au diplôme.
Tout actif pouvait valoriser son expérience, de manière à
évoluer professionnellement tout au long de sa vie.
L’ambition était aussi de doter de qualifications les per-
sonnes qui jusque-là n’en possédaient aucune. Il s’agit
d’abord d’un droit individuel, mais nous avons très vite
compris que le recours à une démarche de VAE collec-
tive permettait de multiplier le nombre de personnes
diplômées par ce biais. Mené par les entreprises, le pro-
cessus fait aussi sens et génère davantage de
candidats.
Pourtant, les chiffres baissent depuis 2014. Est-ce dû
à un manque de notoriété? À un problème de
moyens?
La VAE est un dispositif coûteux, notamment pour la
mise en place de jurys, aujourd’hui à la charge des certi-
ficateurs. Mon regret est que par ailleurs les VAE de cer-
tifications en entreprise ne soient pas comptabilisées.
Elles sont pourtant nombreuses !
Quels ont été les effets de la création de la VAE dans
les pratiques de formations professionnelles ?
Avec la VAE, c’est une nouvelle dynamique qui s’est
enclenchée. Vincent Merle, son créateur, aimait à dire
qu’il s’agissait d’une révolution tranquille. En consé-
quence, les évolutions qu’elle engendre mettent du
temps à se faire sentir. Nouvelle modalité d’accès au
diplôme, la VAE nécessite de procéder à un redécoupage
des diplômes et titres, à la description des résultats de
l’apprentissage.
Au fil du temps, de nouvelles dispositions législatives
permettent d’améliorer la procédure. Parmi les der-
nières en date, on trouve les blocs de compétences,
introduits par la loi du 5 mars 2014. Les certificateurs
vont ainsi pouvoir identifier et certifier des blocs de com-
pétences. Ceux-ci facilitent les passerelles vers d’autres
certifications. C’est une belle progression : il est mainte-
nant possible de capitaliser ses compétences, voire d’en-
gager une formation, fort de ce premier socle. Le
système des blocs de compétences est à mes yeux une
manière plus pertinente de travailler sur l’acquisition
progressive de compétences tout au long de la vie. Le fait
de valoriser et de positiver l’obtention de ces blocs n’est
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