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une ligne éditoriale que nous adaptons à chaque réseau
social et surtout que nous greffons à l’actualité. Pour
cela, nous avons conçu un calendrier où l’on note toutes
les parutions des
social media
en
lien avec les marronniers de l’actua-
lité sur huit semaines. On y raconte
des histoires qui ne sont pas forcé-
ment liées au produit mais intéres-
sant le public et qui permettent de
l’embarquer dans notre aventure. Plutôt que d’être
moralisatrice, une marque doit générer l’envie.
En pleine campagne électorale française, avez-vous
une proposition pour favoriser la création
d’entreprises françaises que vous souhaiteriez
trouver dans un des programmes des candidat·e·s?
La stabilité de l’environnement politique est nécessaire
aux entrepreneurs. En effet, la bonne compréhension
des règles juridiques et fiscales, puis leurs mises en
place, prennent du temps. Si le cadre d’exploitation
d’une start-up change trop souvent, cela devient compli-
qué à gérer. Mais il faut aussi préserver le rôle essentiel
de la Banque publique d’investissement (BPI) : elle est
constituée de personnes compétentes et réactives qui
sont dans la temporalité de l’entrepreneur, bien plus que
les banques classiques et qui viennent en contre-garan-
tie de nombreux prêts bancaires ou prêtent en direct.
L’avis des entrepreneurs est unanime, nous n’en serions
pas là sans la BPI.
Alors que nous parlons beaucoup de robotisation et
d’intelligence artificielle, de transformation du
travail, quel est selon vous l’avenir du travail en
France?
L’avenir c’est l’innovation, forcément. Aujourd’hui le
savoir-faire français dans la fabrication textile, que je
commence à bien connaître, est vieillissant. L’immense
majorité des quelques centaines d’employeurs textile
français dispose de structures très fragiles dans les-
quelles l’innovation et l’investissement sont réduits, voire
inexistants. 99 % des employés dans les usines en
France sont des femmes qui ont 40 ans de maison. Leur
savoir-faire extraordinaire risque d’être perdu, puisque
les écoles de formation aux métiers
textiles ont disparu. En effet, depuis
trente ans, les délocalisations se
sont multipliées en Europe de l’Est,
puis en Afrique du Nord, en Chine et
maintenant au Bangladesh et en
Birmanie. 95 % des produits textiles consommés en
France sont conçus au-delà de nos frontières. Or fabri-
quer un produit à l’autre bout du monde est une aberra-
tion économique et écologique.
Aujourd’hui en innovant et en investissant en R&D sur
des technologies d’impression 3D et de robotisation,
nous avons la possibilité de rapatrier beaucoup de pro-
duction textile fabriquée à l’étranger. Par la même occa-
sion, nous transformerons les fonctions des ouvrières
du textile en emplois de niveau bac+3 ou 4 en capacité de
piloter la digitalisation et la numérisation de ces impres-
sions 3D. Ces innovations permettraient donc de dyna-
miser et de transformer les emplois pour qu’ils soient
plus qualifiés et plus agréables.
Certains produits à la fabrication facile comme les
chaussettes se prêtent tout particulièrement à cette
transformation. Il ne semble pas impossible de faire de
même pour le sous-vêtement. Afin de développer cette
technologie dédiée à l’impression 3D ou à la robotisation
pour produire en grande série localement et à la
demande, nous avons choisi de lancer un programme
avec le Réseau innovation immatérielle pour l’industrie
(R3ilab). C’est une entité dépendante du ministère de la
Recherche s’appuyant sur un réseau de partenaires
industriels français qui cherche à soutenir et accompa-
gner des projets R&D dans le textile.
Propos recueillis par Sophie Grallet
et Aurélie Verneau
Actualités
Plutôt que d’être
moralisatrice,
une marque
doit générer l’envie
Le Slip français
en chiffres
Création en
septembre 2011
3 boutiques
à Paris
40 salarié·e·s
dont 25 au siège de
l’entreprise
250000 produits
vendus en 2016
Près de
8 millions
d’euros
de chiffres
d’affaires
9 ateliers
partenaires
français
où sont
confectionnés slips,
boxers, maillots
de bain, pyjamas,
espadrilles, sacs...